pos de ce manoir, qui est aujourd’hui une opulente ferme de la Normandie, rien de plus, mais aussi rien de moins, ne serait-il pas temps, je vous prie, de bien définir une fois pour toutes ce qu’on entend par ce mot si solennel, devenu si trivial aujourd’hui, les ruines ? Un morceau de pierre échappé à la destruction, une fenêtre en ogive, un pignon du vieux bon temps peuvent-ils, de bonne foi, constituer ce qu’on appelle une ruine ? En ce cas, comment donc appellerez-vous la plus grande partie des cathédrales et des vieux châteaux de la France ? comment appellerez-vous le château de Mesnières, dont les vieilles dalles conservent encore l’empreinte du pied de fer de Henri IV et du petit pied de Gabrielle ? Il est temps enfin, puisque les ruines sont à la mode, qu’on définisse ce que c’est qu’une ruine. Cette idée-là m’est venue en voyant à Warengeville, sur la figure rusée d’un paysan normand, un sourire goguenard qui était passablement humiliant pour nous.
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