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ET LA SŒUR GRISE.

de force et de vie incroyable : l’armée, l’église, la ville, la cour, le parlement, l’aristocratie, les nobles, et tout au bas le peuple, qui tremblait encore devant le lieutenant de police et qui avait peur de cette Bastille qui ne tenait plus qu’à un souffle. Voilà ce qui était, ou plutôt ce qui avait l’air de quelque chose. Au milieu de ce chaos organisé se tenait, immobile en apparence mais déjà attendant l’heure du triomphe, une armée d’esprits révoltés plus formidable mille fois que cette armée d’anges rebelles que Milton a chantés. — Ah ! Satan ! Satan ! si tu avais eu à tes ordres une pareille phalange, Voltaire, Diderot, d’Alembert, Rousseau, Montesquieu, quelle trouée tu aurais pu faire dans la phalange céleste ! Mais, pauvres diables que nous étions, nous n’avions pour nous battre que ce grand canon dont parle Milton. Pour qu’il eût porté loin, ce canon creux et vide, il eût fallu le bourrer avec les feuilles du Contrat social.

Pardon, ajouta le diable : je crois que je