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LA SŒUR ROSE

gitation impatiente de toute sa personne. Cette révolution qui couvait sourdement dans la nation française avait pénétré dans les recoins les plus cachés de ce peuple ; elle ne s’était arrêtée ni à la porte du temple ni au seuil des couvents ; elle fermentait dans les plus jeunes cœurs et dans les âmes les plus candides. En ce temps-là plus d’une jeune fille se relevait la nuit pour lire, à la lueur d’une lampe infernale, la Pucelle de Voltaire ou la Religieuse de Diderot ; c’était dans toutes les consciences, jeunes ou vieilles, un bruit sourd, frénétique, implacable contre les institutions reçues. Jamais je n’avais compris comment cette révolte du fait contre l’idée, du présent contre le passé, de la philosophie contre la loi était une révolte générale comme je le comprenais à cette heure en voyant la figure de Léonore ; jamais aussi je n’avais compris la beauté humaine dans toute sa perfection, la grâce dans toute son innocence, la vertu dans toute sa sérénité comme je les