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ALBERT DURER.

Vous croyez que c’est là tout ? Oh ! que non pas ! S’il était graveur habile, c’était encore un très-grand peintre, le maître, le restaurateur, le père et le roi de la peinture en Allemagne : ses tableaux étaient aussi vrais que ses dessins, sa pensée était aussi ingénieuse que sa couleur était brillante ; il a peint un grand nombre de tableaux qui sont d’un fini précieux. On lui reproche de la raideur et de la sécheresse dans les contours, l’ignorance du costume et celle de la perspective ; il avait étudié avec soin l’architecture civile et militaire, dont il a laissé des traités.

Vous croyez que c’est là tout encore ? Oh que non pas ! Cet homme-là, ce pauvre artiste allemand, ce simple graveur qui improvisai pour vivre tant de choses délicates et charmantes, ce haut baron fait au bas d’une échelle de peintre, et qui dut ses armoiries, comme Molière, à l’insolence d’un gentilhomme, a vécu pourtant, tel que vous le voyez, calme et bon homme avec les agitateurs, les réforma-