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L’ABBÉ CHÂTEL

lière. Ô le peuple ! C’est bien celui-là qui a des oreilles pour ne pas entendre, qui a des yeux pour ne point voir ! Il se met en haie sur la route de l’Océan, et tour à tour il voit passer l’Empereur chargé de fers, puis l’Empereur précédé par les aigles, puis l’Empereur enchaîné, puis trois fois aussi la royauté des Bourbons enchaînée des mêmes fers et couronnée de la même couronne ! Le peuple est tout occupé à ce spectacle, qui est devenu monotone chez nous, chez nous trois et quatre fois malheureux ! il n’a pas une larme pour l’étrange drame qui passe et repasse si tristement sous ses yeux. Il se presse sur la route de Cherbourg pour être au lever de la toile à chaque révolution nouvelle ; et puis à la fin de l’action, quand la dernière révolution a passé aussi lentement que le tombereau de la Grève, le peuple n’a pas une larme, pas un instant de colère, de pitié, de reconnaissance et d’amour pour ces vaincus dont il touche les guenilles, pour ces ruines qu’il foule aux pieds, pour ces