Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
les mémoires

Horace : L’indépendance est le plus précieux des biens ; et je me plongerai dans ma douce paresse. Adieu donc, ma vie passée, et même adieu la gloire ! Ma gloire désormais, désormais mon bonheur, désormais ma fortune, C’est Marcella !

Je quittai Rome comme en triomphe. J’y étais arrivé pauvre, seul et nu, victime consacrée à la poésie : j’en sortais riche, et marié avec une charmante femme de cœur. Ainsi la poésie n’abandonne jamais ses enfants. Nous avons revu, Marcella et moi, heureux et ravis, ces beaux lieux de notre naissance ; enfin Marcella s’est reposée des fatigues de sa beauté, et moi des fatigues de mon génie. Jamais la fière Bilbilis n’avait été plus bruyante du bruit des armes, les eaux du Caussus n’avaient jamais été plus rapides et plus fraîches ; le Vadaveron sacré étendit sur nous ses épais ombrages ; les Nymphes du Considus, au cours paisible, vinrent au devant de nous avec un gracieux sourire. Là je vis, là je rè-