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étienne béquet.

Partout autour de lui se réveillaient les compagnons de ses belles années ; ceux qui partageaient naguère son oisiveté lettrée, heureux et fiers de leurs destinées nouvelles, se disposaient çà et là pour être enfin le pouvoir à leur tour ; ils lui disaient : — Viens avec nous, Étienne. Fais comme moi : me voilà professeur dans ma chaire, me voilà préfet, me voilà général, me voilà conseiller d’état, me voilà ministre ! Fais comme nous, lève-toi et marche… Mais lui il restait assis, appuyé sur son coude, murmurant une ode d’Horace, et les voyant tous partir d’un œil serein pour leurs destinées nouvelles ; et, dans cette fièvre de toutes ces têtes puissantes, de tous ces esprits généreux, de tous ces cœurs oisifs, il n’eut pas un instant d’ambition, pas un seul ; il dit adieu aux amis de sa jeunesse, sans vanité mais non sans tristesse. Et que de fois, les voyant ainsi occupés loin de lui, entendant proclamer leurs louanges comme hommes d’action, se prit-il à s’écrier tout bas