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l’aveugle.

histoire a pris quelque peu une teinte artiste et littéraire, ne fût-ce que pour charmer les ennemis de mon cher Jules et les miens propres, j’ai entrepris de vous la raconter.

Jules est un homme d’esprit et de cœur ; c’est un sceptique sans fanatisme et sans ostentation, simple et bon toutes les fois qu’il n’est pas en colère, facile à s’indigner, aimant beaucoup les vrais plaisirs, la table, le jeu de piquet à un prix modéré, la conversation avec les femmes pourvu qu’elles ne fassent pas de romans ou de vers ; il ne déteste pas non plus le vin de Bourgogne quand il est vieux et le cigare quand il ne vient pas de la régie ; du reste bon et colère, licencié en droit, moqueur et s’inquiétant peu de ce qui s’imprime, vers ou prose, livre ou journal.

Ce jeune homme s’était fait une vie heureuse à sa manière. Il ne s’était dévoué à la politique de personne, il n’avait insulté aucune décadence, il n’avait salué aucun avénement ; il méprisait autant le fanatisme que