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Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/89

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les mémoires

l’envie ne reconnaît que les talents qui ne sont plus. C’est ainsi que, par suite d’une vieille habitude, nous recherchons, de préférence aux constructions modernes, l’ombre dégradée des portiques de Pompée et le temple ruiné de Catullus. Rome lisait encore les vers d’Ennius du vivant de Virgile ; le siècle d’Homère faisait à peine l’aumône au sublime vieillard ; Ménandre, l’honneur du théâtre, n’y rencontra que froideur et dédain ; le charmant Ovide, de son vivant, ne fut reconnu un grand poëte que par Corinne, sa maîtresse. J’écris donc les mémoires de ma vie pour le jour où je n’aurai plus besoin de gloire. Ma gloire n’a donc que faire de se hâter.

C’est à vous que j’adresse cette histoire de ma vie, vous mes compatriotes, que la ville impériale de Bilbilis, entourée des eaux rapides du Xalon, a vus naître sur sa montagne escarpée. Ne recevrez-vous pas mon livre avec une amitié sincère ? n’êtes-vous pas jaloux quelque peu de la renommée de votre poëte ?