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LA BOUQUETIÈRE.

lui : Jenny, il me faut une main de femme : Jenny vous jettera au nez ses gants de Venise ; dites-lui : Jenny, il me faut de blanches et fraîches épaules, il me faut un sein qui bat : Jenny ôtera son cachemire et vous montrera son sein et ses épaules ; dites-lui : Jenny, je fais une Atalante, il me faut la jambe et le pied d’Atalante : Jenny, duchesse, vous prêtera sa jambe et son pied tout comme faisait Jenny la bouquetière. Bonne fille ! et simple, et ingénue, et dévouée à l’art, aimant la beauté pour elle-même, se félicitant tout haut d’être belle parce qu’elle est belle partout, sur la toile, sur la pierre, sur le marbre, sur l’airain, en terre cuite et en plâtre, toujours belle. Que l’art ne s’afflige donc pas de la fortune de Jenny : Jenny appartient toujours à l’art ; elle est son bien, elle est toute sa fortune. L’art veut bien la prêter à l’hymen d’un grand seigneur, mais ce n’est qu’un prêt qu’il lui fait : il faut que ce grand seigneur soit toujours disposé à rendre Jenny à l’artiste ; c’est une stipulation