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et valet.

maison, véritables laquais anglais, insolents et bien tenus comme des laquais de l’ancien régime français, avaient pour mon voisin toutes sortes d’égards et de respects. Évidemment c’était un homme riche et considérable ; c’était aussi un homme spirituel et hospitalier, car, une fois qu’il eut essuyé le premier feu de la conversation et qu’il y eut réparti pour sa part, il finit par m’apercevoir : alors il me parla en français et me fit verser le premier verre de vin de Champagne ; si bien que nous fûmes tout de suite amis.

En général, on ne rend pas assez justice au vin de Champagne. Il est vrai qu’on le boit à longs traits, mais il est aussitôt oublié qu’il est bu ; on le dépense comme on dépense son esprit, au hasard et à tout propos. C’est surtout lorsqu’on a quitté Paris que l’on comprend bien ce que c’est que le vin de Champagne. Paris est la véritable patrie du vin de Champagne : ce n’est que là qu’il se plaît ; là seulement il est à l’aise, là seulement il a