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et valet.

brutales de province ? comment peut-il éclater et rire dans une fougère commune et mal taillée ? que peut-il dire à ces femmes qui se voilent la gorge et qui lèvent le bras d’une façon pudique ? que voulez-vous qu’il fasse englouti dans de profonds gosiers abrutis par l’alcool ? Pour nous ce n’est pas un vin de la province, c’est un vin de Paris. Laissez à la province le vin de Mâcon, noble et franc, libéral et frondeur, ennemi né du sous-préfet et du maire ; le vin du Rhin, qui porte des éperons et des moustaches, véritable soldat toujours prêt à dégainer ; laissez à la province même le vin de Bordeaux, mélancolique et froide boisson qui rencontre encore en province des hommes de Paris pour la comprendre ; mais le vin de Champagne ! par Voltaire ! c’est l’enfant parisien, c’est la joie parisienne. Il aime, il devine, il reconnaît le Parisien partout où il le rencontre ; il brûle alors de briser sa prison de verre pour venir se jeter dans ses bras ! Le vin de Champagne