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et valet.

alla se battre en duel, et ce fut un autre que moi qui croisa te fer avec lui, et moi je restai tranquille spectateur. J’étais un domestique, je n’étais pas un homme ! je n’avais plus ni amour ni haine ! — Voilà les nuits que je passe, messieurs, voilà mes rêves, voilà ma vie ! Car le jour je vis à peine ; le jour, pendant que je suis le maître, je pense à ! a nuit qui va venir. Quand je monte dans ma voiture le jour ce n’est jamais sans songer que je dois la laver la nuit ; quand je donne le bras à ma femme, je me rappelle que bientôt je me tiendrai debout derrière sa chaise. Mes amis les plus sincères, je les hais parce que je sais qu’à la nuit tombante ils me feront porter un habit galonné, et qu’ils me donneront des ordres, et que devant moi il n’y aura plus un seul de ces hommes si élégants, si aimables, si parés, qui songera à être un héros. Car voilà un des malheurs de notre condition à nous autres laquais ; c’est que nous voyons l’humanité dans ce qu’elle a de plus vil et de