Page:Janin - Les catacombes, tome 5.djvu/52

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Or donc elle regardait, bouche béante, attendant qu’il plût à l’artificier de venir.

L’artificier ne se gênait pas ; l’artificier était à table, joyeux et tranquille que la foule attende, le plaisir en sera plus vif. D’ailleurs tout est prêt les fusées qui s’élèvent en l’air et qui retombent en étoiles tricolores, la bombe qui tourne sur elle-même et qui éclate, le soleil fixe et mobile donnant un éclatant démenti au problème de Galilée, puis la gerbe qui monte, qui hurle, qui crie, qui se démène, échevelée, bizarre, bondissante, joyeuse, poussée par les éclats du peuple, et se perdant dans le nuage comme se perd une pensée poétique dans un peuple en révolution.

Quand l’artificier eut dîne il s’avança au lieu de l’exécution. Un feu d’artifice, c’est comme un homme à immoler ; c’est la même attente solennelle, c’est le même battement de cœur. À savoir si l’homme mourra bien, à savoir si les fusées seront de poids et monte-