Page:Janin - Les catacombes, tome 5.djvu/54

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tante lumiure va donner le signal. La pâle clarté va faire étinceler tout ce ciel. Vous allez dire que le soleil n’est pas couché et que les étoiles boudeuses se sont enveloppées dans leur voile gracieux de la nuit, boudeuses déesses qui échappent à ces astres inusités !

Et le feu recommence. Vous entendez comme râle d’un mort ; l’incendie éclate et hurle, il crie, il éclate ; tout le ciel est changé. Le peuple bat des mains. O pouvoir de la poésie sous toutes les formes ! cette poésie colorée de la poudre, facile à comprendre comme une caricature en plein vent ; cette poésie des yeux, qui dure une seconde mais qui va droit au regard, laissant le spectateur maître de se faire son drame à lui comme à une pantomime d’opéra ; cette poésie de l’artificier n’a pas d’égale. L’artificier est le poète populaire, l’artificier est l’enchanteur le plus puissant des temps modernes. Vous qui souriez, savez-vous un peintre plus étudie ? savez-vous un chansonnier plus chanté ?