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Page:Janin - Les catacombes, tome 5.djvu/56

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sont en présence ; c’est le pont d’Arcole, c’est le pont des trois jours, c’est la bataille parisienne. Voyez ! voyez ! Et la pensée est suspendue de nouveau. Ô miracle ! dans cette grande ville, volcan qui gronde incessamment et qui éclatera quelque jour, inondant l’Europe de venin et de bitume, dans cette capitale des trois couleurs tout se tait, passion, colère, ambition, douleurs, désappointements cruels, misères profondes ; on n’entend plus rien, pas même les voix des mourants, les plaintes des captifs, les gémissements de l’hôpital ; la vie sociale est suspendue, la vie réelle fait silence ; cœurs et âmes sont tous dans les airs, voltigeant après l’étincelle enflammée. Un dirait des peuples croyants qui écoutent une religion nouvelle. À la dernière fusée il n’y avait plus dans Paris qu’un seul désir, c’était de voir le dernier éclat de cette fête dans le ciel. Alors, quand tout ce peuple quitte la terre, il n’y a plus sur la terre ni époux, ni père, ni maîtresse, ni haine, ni