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Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/130

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d’apulée.

voulut voir le monde et vagabonder tout à son aise dans les croyances, dans les philosophies, dans les lois, dans les usages, dans les mœurs, dans les superstitions de tous les peuples qui composaient le monde romain. Aussitôt il se met en route, non pas comme un voyageur, mais comme un curieux, le sourire à la lèvre, l’ironie dans le cœur. À ce métier il dépense toute sa fortune paternelle ; mais que lui importait la misère ? Il n’était pas homme à tendre la main comme ses confrères les poëtes ; il n’eût pas voulu du dîner des parasites, de l’obole et de la sportule des clients ; il eût donné à son dernier esclave la belle toge de pourpre dans laquelle se pavanait Martial. C’était un véritable gentilhomme africain ; son orgueil ne démentit jamais son origine, comme aussi la vivacité de son esprit ne démentit jamais sa patrie. Aussi bien, à peine fut-il ruiné qu’il revint à Carthage ; et là cet homme, qui avait écrit en se jouant cet amusant et charmant petit roman intitulé