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la comtesse

poésie, son amour et sa souffrance dans son cœur !

Comme je l’ai dit, Mme d’Egmont était seule dans son oratoire lorsque M. le maréchal de Richelieu se présenta chez sa fille. Il entra si doucement, ou bien elle était si profondément plongée dans ses réflexions, qu’elle ne l’entendit pas venir. Et alors le vieux courtisan, qui ne s’étonnait de rien, s’arrêta indécis ; il allait même se retirer quand tout à coup la comtesse, sortant de sa rêverie, leva la tête et regarda son père comme si elle eût été réveillée en sursaut. Elle était d’une pâleur effrayante, son œil était sec, sa bouche était fermée, ses deux mains se contractaient horriblement. Un autre homme, moins heureux que M. le maréchal de Richelieu, à voir ce visage tendu et ce beau front tout couvert de nuages, et cette pâleur horrible, eût compris que c’était là une femme blessée au cœur ; mais à ces maladies morales que pouvait comprendre M. le maréchal de Richelieu ?