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d’apulée.

transes, les inquiétudes, les misères qu’il a supportées, les chardons et les roses qu’il a mangés ; et il y a dans tout ce récit tant de sensualité et tant d’abondance, la terreur y est si vraie, la passion si violente, l’amour si nu ; il vous répète si souvent que c’est lui, lui-même, lui, le petit-fils de Plutarque, qui est caché sous la peau de cet âne, que je ne m’étonne pas si les envieux sont pris au mot et s’il a fini par être accusé de magie après s’être ainsi accusé lui-même. Quel livre en effet ! C’est à la fois l’œuvre d’un fou et d’un philosophe, d’un bouffon et d’un sage, d’un conteur de fables et d’un grand naturaliste, d’un poête et d’un niais. Ce livre a occupé les plus graves esprits : l’empereur Sévère en a parlé en plein Sénat, en se moquant des bonnes gens qui admiraient de pareilles fables ; Palladius le cite comme une autorité en agriculture ; Marcellus place Apulée, comme médecin, entre Celse et Apollinaire ; saint Jérôme, ce saint homme très-naïf, le reconnaît comme un grand