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PÉTRONE.

même aisance des plaisirs aux affaires et des affaires aux plaisirs. Il donnait le jour au sommeil, la nuit aux affaires, aux festins et aux amours. Idole d’une cour corrompue qu’il charmait par son esprit, ses grâces et sa prodigalité, il y fut longtemps l’arbitre du goût, le modèle de la vie élégante, le favori de l’Empereur. Mais à la fin, supplanté par Tigellin son rival, il prévint par une mort volontaire la cruauté de Néron. Fidèle jusqu’à la moi ? à son maître Épicure, il regardait en souriant la vie qui s’échappait avec son sang de ses veines entr’ouvertes. Quand le sang coulait trop vite il faisait fermer sa veine pour s’entretenir plus à loisir, non pas de l’immortalité de l’âme, mais de vers badins, de poésie légère et galante. Loin d’imiter les autres victimes du tyran, qui baisaient en mourant la main de leur bourreau et qui léguaient leur fortune à leur avide assassin, il s’amusa, dans ses derniers moments, à