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marianna.

sienne, à cette muette sympathie ; dans son désespoir, la malheureuse femme, elle n’avait pas songé que lui aussi, le jeune Henri, il pouvait aimer à son tour. Après l’amour, rien n’est égoïste comme la douleur. L’amour tue et brise toutes choses ; il est impitoyable ; il foule aux pieds le devoir, l’honneur, la vertu par des motifs si opposés et pour des causes si différentes ! Ainsi fait le désespoir. C’est, ainsi qui Marianna enveloppa cet enfant dans sa misère. Elle sortit de chez cet homme qui la chassait, brisée et mourante ; elle s’enfuit au loin, sur le bord de la mer, bien résolue à mourir. Elle voulait mourir lentement, au jour le jour, après avoir déchiré tout à l’aise ses plaies sanglantes, après s’être répété une à une toutes les insultes, toutes les injures de Georges. Elle jouait ainsi avec la mer, tantôt la défiant à la course, tantôt l’attendant d’un pas ferme ; elle s’enivrait ainsi de sa douleur, cet enivrement allait jusqu’à la folie. Rude manière de guérir, mais certaine. Déjà,