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marianna.

entrant dans la vie, toujours reviennent-elles à leur point de départ ces âmes bouleversées, et alors comme elles s’étonnent, comme elles gémissent de tout ce chemin, de toutes ces ronces, de toutes ces épines franchis pour revenir à ce but qu’elles voulaient fuir ! Et notez bien que plus ces âmes malheureuses ont été agitées et plus le sentiment de l’ordre et du devoir les ramène à l’ordre et au devoir qu’elles ont quittés. Voilà justement pourquoi la liberté est si douce ! Marianna met donc à profit sa libellé pour revenir pas à pas, en tremblant, par tous les sentiers détournés, la nuit, au paisible village qu’elle n’eût jamais dû quitter. Elle rentre avec effroi et cependant avec bonheur dans cette province du Berry devenue récemment, grâce à quelques beaux livres contemporains, une contrée poétique. Plus elle avance dans ce doux pays, dont elle reconnait les bruyères, les eaux limpides, le ciel tout pâle, les fleurs pâles comme le ciel, plus elle sent une à une que