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DE LA REINE.

pluvieux ; l’épais nuage de la Conciergerie tomba lourdement dans cette ruelle étroite, et la captive fut exposée au suintement infect de cette prison remplie d’immondices. La Reine avait si froid qu’elle s’en plaignit ; mais à qui se plaindre ? La jeune Bretonne seule en eut pitié : elle allait échauffer au feu du concierge la camisole de la Reine ; et, comme dans cette nuit profonde on ne permettait à la prisonnière ni flambeau ni d’autre clarté que celle du réverbère de la cour, espèce de lueur funèbre comme on en place sur les tombeaux nouvellement habités, la jeune fille, par pitié pour la Reine, traînait en longueur son petit ménage du soir afin que la Reine pût voir la chandelle brûler cinq minutes de plus.

Douze jours se passèrent ainsi ; mais le douzième jour les juges arrivèrent : ils procédèrent à un premier interrogatoire ; ils firent coucher un officier dans la chambre royale. La Reine ne se coucha pas.

Le 15 octobre on vint la prendre à huit