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Page:Jarret - Contes d’hier, 1918.djvu/110

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CONTES D’HIER

venaient. Elle aurait chanté si elle n’avait été si timide. Dehors, la grande neige blanche tombait toujours, harmonieusement.

— Vous dites vrai, Clément, fit grand’mère, tout à coup. Ils sont rares les hommes qui ont eu autant de malheurs que vous… La petite changea sa rêverie : « J’aime grand’mère, pensa-t-elle, et aussi Armand. Quand papa aura acheté sa petite maison, je lui demanderai de venir demeurer avec nous. Elle m’a promis son prochain couvre-pieds qui sera le plus beau, et qu’elle me donnera le jour de mon mariage, et aussi un tablier blanc, que maman lui avait brodé. Elle est bonne grand’mère !  » Toute reconnaissante, elle tourna les yeux de son côté et demeura épouvantée…

Que disaient-ils donc, ou plutôt, qu’avaient-ils dit ? Grand’mère était triste, comme Annette ne se souvenait pas de l’avoir vue jamais. L’oncle Philippe avait baissé la tête, M. Clément, lui, paraissait surtout surpris, douloureusement surpris. Madame Annie semblait la plus émue : elle était rouge, ses yeux noirs brillaient, ses lèvres tremblaient. Ce fut elle qui reprit la parole :