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Page:Jarret - Contes d’hier, 1918.djvu/126

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CONTES D’HIER

saigner le cœur. On, c’était tous les autres : les bonnes amies, les relations, les parents, les curieux. La jeune fille s’assit, et rêveuse, elle se demanda pourquoi le monde était si méchant, surtout pour elle, eût-on dit. Parce qu’elle avait eu des malheurs ? Parce qu’elle n’avait pas assez de malice, ou bien parce qu’on lui trouvait un air choquant, d’indépendance ? Pourtant, si on avait su comme, au fond, elle était humble et petite ! Des souvenirs se levaient en elle… Sa situation, ce soir… Elle crut entendre des rires railleurs, et devint triste à pleurer.

Roberte était une jeune fille de vingt-quatre ans, élégante, presque jolie, avec son merveilleux teint rosé, et ses beaux yeux, d’un brun tendre et lumineux, à fleur de tête. Malheureusement, sa bouche trop forte et d’une expression hautaine la déparait beaucoup. Orpheline de mère, elle avait encore son père, un père indigne qui vivait loin de son enfant et dont on préférait ne pas prononcer le nom.

On disait couramment de la jeune fille qu’elle n’était pas née sous une bonne étoile, et ce devait