fut long, mais enfin la jeune fille sentit que le sommeil tant désiré approchait. Elle devenait toute passive. Des images précipitées, saugrenues, mirages de l’imagination, passaient devant ses yeux ; puis tout s’apaisa. C’est fait, elle dort.
Lorsqu’elle reprit conscience d’elle-même, il faisait gris partout et elle sentit renaître sa rancune. Sa tante ne l’aimait pas. Car alors, pourquoi la contrarier ainsi ? Évidemment, elle ne désirait pas la voir se marier ; cette grande fille active aux doigts de fée, c’était d’une commodité dans la maison ! « — Je regrette beaucoup, mais Berthe n’est pas bien, aujourd’hui. — Permettez donc que je ferme la porte… »
Ah ! on voulait se moquer d’elle, eh bien ! les choses ne languiraient pas. Comme on a raison de plaindre les orphelines ! La vie est à jamais empoisonnée pour eux. Un père, une mère, cela ne se remplace pas. Résolument, sous le coup d’une fatale décision, la jeune fille gravit l’escalier et se rendit à sa chambre. Elle ne resterait pas une heure de plus dans cette maison inhospitalière. Juste le temps de se couvrir d’un manteau et d’apporter quelques vêtements…