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Page:Jarret - Contes d’hier, 1918.djvu/43

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LES LILAS

Cette nouvelle vie de Claire, dans sa famille, fut pour la jeune fille la plus agréable surprise. Elle n’en avait pas soupçonné les charmes subtils ni la vertu apaisante, et demeurait étonnée de voir tout avec d’autres yeux, comme quelques semaines plus tôt, dans la chapelle. Ses parents agirent à son égard avec une si tendre bonté, que bien souvent elle en aurait pleuré comme un enfant. Les petits s’entichèrent d’elle ; bientôt, il n’en fallut plus d’autre que la grande sœur pour leur préparer les beurrées de la collation ou les aider dans leurs leçons et leurs devoirs, quand les classes reprirent ; jusqu’à la petite Lucienne qui ne pouvait s’endormir avant que Claire ne l’eût embrassée dans son lit. Et, comme d’autre part, madame Guilbault qui avait toutes les ambitions pour sa grande, la traînait partout à sa suite, afin d’en faire une ménagère accomplie, il arriva que plus d’une fois, la jeune fille dut lever les bras au ciel en s’écriant, débordée et ravie : « Mais je n’ai pas le temps de souffler ! » Cependant les loisirs venaient à leurs heures, et quand elle ne sortait pas, Claire les employait sagement à faire de la musique ou des travaux d’aiguille, deux passions chez elle. C’est ainsi qu’elle put terminer