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Page:Jarret - Contes d’hier, 1918.djvu/45

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LES LILAS

fille la plus accomplie de sa génération. On l’accabla de préférences, de gâteries. On disait : « Cette petite est née véritablement pour être choyée. » Elle était la première à le croire, ce qui la préserva d’une trop grande vanité. Sitôt qu’il fut connu, on abusa de son talent de musicienne et on la paya en compliments. Elle apprit à danser et se prit d’un attrait passionné pour ce divertissement.

Dès lors, elle se montra un peu plus difficile et gourmande pour ses toilettes, et demanda d’avoir toujours une certaine somme d’argent, quelque chose de convenable, afin de pouvoir parer aux événements imprévus, et plus de loisirs qui lui permettraient de suivre le mouvement. Mais comme ses yeux bleus demeuraient limpides et son humeur enjouée bien égale, ses parents ne voulurent pas s’inquiéter et passèrent par tous ses désirs. Elle était jeune fille après tout ; un état délicieux et qui ne dure pas.

Pour Claire, il durait depuis trois années complètes, quand tout à coup, sans aucun motif, elle se prit de nostalgie pour son couvent. En peu de temps, il se fit en elle un profond changement :