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LA FIANCÉE DE NOËL

plus bas encore qu’à mi-voix, toujours sous prétexte de ne pas éveiller maman :

— « Ceci, me dit-il, dépendra de vous seule. Je m’explique : vous connaissez, n’est-ce pas, cette bague ancienne que possède ma mère, un précieux joyau qu’elle a toujours destiné à la fiancée de son fils ? Hier, elle me l’a mise entre les mains, et si vous vouliez m’en donner la permission, ce soir… eh bien, ce soir, je vous l’apporterais. » Je ne crois pas que jamais le cœur m’ait battu avec cette force ; il me sautait jusqu’à la gorge et je pensais ne pouvoir parvenir à prononcer le mot qu’il fallait. Enfin, sortant de ma pétrification, je secouai la tête, et tremblante, et souriante : « Ce serait bien beau, dis-je, mais nous avons le temps ».

— Croyez-vous ? répliqua-t-il, avec une intonation si marquée que j’en tressaillis. Il parut rassembler ses idées. — « N’êtes-vous pas impatiente de vivre enfin de la vraie vie ? Votre long dévouement vous en donnerait pleinement le droit, et songez que nos plus belles années passent, passent. Vous avez tort de vous inquiéter de votre