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LA FIANCÉE DE NOËL

à la regretter. Aussitôt, il s’inclina en disant : « Parfait ». Et avec une désinvolture admirable, il tourna la conversation, dont il fit les grands frais, s’anima, parla plaisamment de ceci, de cela, mais la barre rapprochée de ses sourcils demeurait immuable. Il est parti ainsi.

Afin que ma tante puisse voir à son souper, j’allai la relever de sa faction auprès du lit de maman. J’avais, moins que jamais, le goût de lire et je ne voulais absolument pas pleurer ; je tremblais que maman ne s’éveillât avant le crépuscule complet et ne vît mon visage bouleversé. Cette crainte se fit bientôt si insupportable que je décidai d’aller trouver ma tante dans la cuisine ; en me tenant debout, sur le seuil de la porte, je pourrais facilement surveiller la chambre. Ma tante fut effrayée en m’apercevant et s’élança vers la chambre, criant : « Qu’y a-t-il donc ? » Mais je l’arrêtai par le bras en disant : « Calmez-vous, ma tante. Il n’y a rien du tout, maman dort toujours, seulement je suis fatiguée d’être assise et voudrais me reposer sur mes pieds ».

— Pauvre petite ! Mais sais-tu qu’elle a fait un grand progrès ta maman. Le pire est passé main-