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Page:Jarret - Contes d’hier, 1918.djvu/73

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LA FIANCÉE DE NOËL

être le même jour. Ce doit être parce que je suis malade et vieille, que j’ai le cœur si lâche et si égoïste, mais aussi je n’ai qu’une petite fille, savoir qu’elle ne m’appartient plus, qu’elle s’est donnée à un autre, je serais partie à mon tour. Sa voix chevrotait, mais elle ne s’arrêta pas. — Peux-tu me promettre que tu ne m’abandonneras jamais, jusqu’à ce que je sois dans la tombe ? — Je promets, lui dis-je. — Même si tu devais attendre de longues années ? — Oui, maman, et j’espère bien que je devrai attendre longtemps, longtemps ». Alors je sentis sur ma main le frôlement du cher vieux visage, une larme la mouilla ; sur un doigt, l’annulaire, ses lèvres se posèrent en une chaude caresse.

Et c’est ainsi que, par ce soir de Noël qui tombait mélancolique, gris au dehors, plus sombre dans la maison, avec de graves paroles et un baiser qu’elle m’a mis au doigt, maman m’a fiancée.