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XVI

Pâques, la grande fête chrétienne ! En se levant, ce matin, le soleil a dû danser et les cloches fraîchement revenues de Rome carillonnent depuis l’aurore avec des envols profonds dans le ciel bleu.

Bernadette qui a accompagné son père à la grand’messe se propose de ne pas quitter sa mère, le reste de la journée, mais Aurore en décide autrement. Ubald congédié, la jeune fille se trouve sans ami, mais elle ne va pas, pour cette mince raison, se priver de sortir et de porter son costume neuf.

— J’ai bien envie, annonce-t-elle, d’aller passer l’après-midi chez ma tante. Viens-tu, Bernadette ?

La jeune fille hésite.

— Laisser maman seule ?… murmure-t-elle enfin.

— Je n’ai jamais dit cela, se défend Aurore, vexée. Qu’elle vienne elle aussi. Ma tante s’en plaint toujours : — « Ta mère n’a pas parlé de venir ? »

— Allez, fit Mme Nadeau, et ne vous occupez pas de moi. J’ai travaillé fort, toute cette semaine et j’ai bien plus dans le goût de me reposer que de sortir.

— Pour ma part, promit Bernadette, je ne m’amuserai pas, chez ma tante. Juste le temps de leur dire bonjour et je m’en reviens.

Après s’être habillée, devant la belle armoire à glace, elle retourna auprès de sa mère. Quinze minutes, vingt minutes se passèrent avant qu’Aurore ne parût à son tour, mais alors, quelle entrée sensationnelle ! Il s’en fallût de peu que l’envie n’élût domi-