III
— Et puis votre chambreur, Mme Nadeau, parles-moi-z-en donc.
C’est la voix glapissante de Mme Pratte qui interpelle de la sorte et Mme Nadeau qui était sortie par pur hasard, s’accoude aussitôt à la balustrade de la galerie et elle lève la tête.
— Notre chambreur, répond-elle, il fait toujours l’affaire.
— Vous êtes bien chanceuse : il y en a tant qui tombent mal.
Mme Nadeau se rengorge.
— Il a juste sa chambre, vous ne lui donnez pas les repas…
— On lui donne ses déjeuners et dans ses appartements, s’il vous plaît. Je ne voulais pas en entendre parler, d’abord, mais il a fini par m’enjôler. Ah ! il sait le tour… D’ailleurs, j’ai bien failli regretter mon consentement.
— Est-ce vrai ?
— Imaginez-vous qu’il prend un steak tous les matins, avec une tasse de café. Il dit que c’est le médecin qui lui a prescrit ce régime. Ce n’est pas un homme fort. Toujours que je me donnais la peine de tout préparer moi-même et d’aller le lui porter. Quand je l’entendais sortir, je reprenais l’assiette ; il n’y en avait jamais plus qu’une bouchée de partie. Je l’ai interrogé, comme de raison. Il-me répond que ça n’était pas cuit comme le voulait son docteur et, avec son petit air, le voilà en train de m’enseigner la cuisine. J’essaye de le satisfaire ; il continue de laisser sa grillade. Ça devenait insultant. Alors, j’ai