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IV

Un soir du commencement de l’été, Aurore et Bernadette se préparaient à se rendre chez leur tante lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit. Toujours empressée, Aurore se précipita pour ouvrir et elle se trouva en face de Donat Beaudoin, le neveu de son oncle que deux jeunes filles, ses sœurs, accompagnaient.

Ce furent, de part et d’autre, de joyeuses exclamations. Sachant le chambreur dans son gîte, Aurore n’était pas fâchée d’entamer un duo avec une jeune voix d’homme et, dans sa frénésie de conquête, elle exagérait même sa verve.

Entre temps, elle avait introduit les visiteurs dans le boudoir et, pendant que Bernadette allait prévenir les parents, Donat expliqua que la tante Beaudoin les ayant tous les trois à coucher, avertissait ses nièces de ne point se déranger pour elle.

— C’est bien, docteur, remercia Aurore, en badinant. Mais, ajouta-t-elle, vous avez bien fait d’allonger le pas car, cinq minutes plus tard, nous étions parties.

M. et Mme Nadeau apparaissaient. Les exclamations reprirent et ce fut des Comment ça va… Qu’est-ce qu’on chante de bon par chez-vous ?…

Et un tel et un tel que font-ils ?… La première effervescence calmée, le boudoir n’en resta pas moins grouillant de vie. Aurore se surpassait et, croyant de bonne foi que c’était en l’honneur de son retour, Donat faisait l’impossible pour se tenir au diapason. Quant à ses sœurs, elles se révélaient de gaies luronnes et Bernadette à qui l’occasion de s’épanouir manquait