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V

Cet après-midi-là, Bernadette s’était postée près de la fenêtre et elle travaillait pour le compte de son frère à une reprise très difficile. Wilfrid était des plus minutieux et il soignait sa tenue en vrai petit-maître. C’est Bernadette qui, à l’année, entretenait sa garde-robe en se pliant docilement à toutes les exigences du jeune homme. Wilfrid savait d’ailleurs reconnaître son mérite et, les jours de paye, il lui faisait toujours sa part de piécettes blanches.

Pour Aurore dont les vacances touchaient à sa fin, elle avait passé la journée à préparer sa toilette du soir car Wilfrid devait l’accompagner à une petite soirée d’anniversaire. Elle finit par laver ses beaux cheveux qu’elle monta sur des bigoudis puis, libre de soucis, elle songea à avancer son crochet, un empiècement au filet qu’elle destinait à sa chère contre-maîtresse. Mais elle eut beau chercher, le crochet demeura invisible. Elle se rappela l’avoir apporté chez sa tante Astérie, la veille : sans nul doute, il y était encore.

Les petits jouaient dans la cour. La jeune fille se rendit jusqu’à eux et commença à leur expliquer son affaire, mais dès les premiers mots, ils s’enfuirent à toutes jambes en déclarant qu’ils ne pouvaient pas. Aurore les connaissait suffisamment pour savoir qu’elle ne gagnerait rien à insister, aussi se rabattit-elle sur Bernadette.

— Vas-y, toi proposa-t-elle.

— Je n’ai pas le temps, répondit Bernadette.

— Quand tu perdrais dix minutes…

— Attends que maman revienne.