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JEUNESSE
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Je communiai aux côtés de maman, durant la messe, et à Notre-Seigneur, roi de mon cœur, je murmurai, m’épanchant enfin : « Merci ô mon Dieu. Merci ! Merci ! Je ne comprends pas encore Jean ; il a une chose inconnue à me dire, mais peu importe. Je sais maintenant qu’il n’a pas changé et cela, c’est tout pour moi. » Les autres remarquèrent que Notre-Dame était moins remplie que les années précédentes, sans doute à cause des départs nombreux pour outre-mer. Moi, je disais : « C’est Noël dans mon cœur ». J’oubliais tout : la guerre, mes souffrances passées, la conduite étrange de Jean. J’avais rêvé sans doute. Ou bien je m’étais exagéré les choses. Car ma confiance grandissait d’heure en heure et l’on finit même par s’étonner de ma vive gaieté.

Le jour de Noël, au commencement de l’après-midi, Jean reparut. Mais cette fois, sa visite fut toute banale : la famille était si nombreuse. Amanda et mes frères mariés se trouvaient chez nous avec leurs enfants. Jean nous annonça qu’il retournait à Maricourt par le premier train.

Le plus pressé, pour nous, le lendemain, fut de remettre la maison en ordre ; entre autres choses, il restait quantité de vaisselle à nettoyer et à ranger. De bon cœur, je partageais la besogne avec Roseline et Lydia quand, obligée d’attendre un moment, je m’avançai jusque dans le passage, pour le seul plaisir de marcher et de retrouver mes pensées riantes dans la solitude. Comme j’approchais du vestibule, le facteur sonnait et je reçus le courrier, lequel contenait une lettre pour moi. Maman étant occupée dans la bibliothèque, j’al-