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ENFANCE

I


Les affaires de mon père nous retenaient à Lowell dans les États-Unis, mais voulant à tout prix conserver en nous l’âme canadienne, nos parents nous envoyaient dans les collèges et couvents du pays, dès que nous avions atteint un âge raisonnable. Cette année avait marqué mon tour d’émigrer ; mais je m’ennuyais au couvent ; je n’aimais pas le couvent. Aussi, quelle joie en apprenant que les vacances des petites seraient avancées d’une semaine, à cause de la maladie de deux de leurs maîtresses.

Averti, grand-père était venu me chercher en sleigh et mon bonheur avait été considérable en apercevant Jean. Grand’mère m’avait expliqué que l’enfant se trouvait chez elle, afin de permettre à sa mère souffrante, de se rétablir. Le fait ne pouvait me surprendre : tante Hermine n’était-elle pas toujours à demi malade ?

On était à la veille de Noël. Tante Louise, la fille de nos grands-parents, avait fermé son école de bonne heure, et maintenant, elle s’occupait de mon cousin. À cause de sa santé précaire, on n’avait encore pu se décider de l’envoyer en classe et son père, sa mère ou tante Louise pourvoyaient à tour de rôle à son instruction. Il me semble le