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ADOLESCENCE

— Cela suffit.

Et j’avais bien envie de répondre :

— Moi, je ne trouve pas…

Les vacances survinrent, sur les entrefaites et je les accueillies assez mal. En quittant le couvent, le meilleur de ma pensée et de mes regrets était pour mère Saint-Blaise et je tremblais qu’on ne la changeât de mission.


IX


Nous avions à Boston, une vieille cousine inconnue, une demoiselle Sablé, dessinatrice au compte d’une maison de confection pour dames. Elle aimait la jeunesse, souffrait un peu de sa solitude et d’après la recommandation de grand’mère, elle offrit de m’adopter pour la durée des vacances. Sa proposition fut acceptée et c’est ainsi que je me retrouvai de nouveau en « Amérique ».

Je m’entendis à merveille avec ma délicieuse cousine ; elle m’enseigna les éléments du dessin et de la couture et prenant à cœur son rôle maternel, chaque matin et chaque midi, avant de partir pour l’ouvrage, elle avait soin de me laisser une tâche à accomplir. Mais j’agissais comme au couvent pour mes leçons et après m’être libérée en un rien de temps, je travaillais pour mon propre compte, ou bien, je m’abandonnais à mon indolence naturelle. Mais dans ce dernier cas, quelle intensité de vie intérieure ! Quels yeux aurait fait cousine, si elle avait pu voir le galop de ses pensées, derrière le front calme de la petite Marcelle !