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ADOLESCENCE

de lui demander s’il m’avait reconnue à la Salle académique ?

— Je t’avais vue en entrant, répondit-il, laconique.

Puis, comme nous nous trouvions seuls, un peu plus tard, il voulut savoir si je passais mes vacances à Boston ? Je n’en savais rien du tout.

— Si tu vas à Boston, dit-il, avertis-moi et je t’écrirai encore.

Alors, comme un silence embarrassant menaçait de suivre, je questionnai, faute de mieux :

— Est-ce que cela me va bien, les cheveux relevés ?

— Oui, répondit-il, aussi bref que tout à l’heure, et sans me regarder, tu as maintenant l’air d’une jeune fille. C’est mieux.

Après être retournée au couvent, faire mes adieux aux religieuses, je prenais avec mon frère, le dernier train pour Montréal.


X


Cousine ne m’appela pas cette année et de tout l’été, je ne sortis de Montréal. Tante Xavier, un peu souffrante, paraissait heureuse de mes visites et je passais chez elle, de longues demi-journées, à lui faire la lecture, ou à pratiquer les travaux d’aiguille, sous sa direction. Elle m’acheta une robe et un chapeau de toile blanche, que je brodai moi-même et que je portai avec le plus vif plaisir. Pour peu que le thermomètre monte, en été, la ville devient vite étouffante ; aussi, quand il avait vingt-cinq sous à dépenser, Gonzague achetait des