Page:Jarry - Albert Samain, 1907.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une silhouette, et c’est à l’article de M. Louis Denise[1], qui fut, hélas, l’oraison funèbre, que nous empruntons le portrait du poète :


Comme Watteau, le frère mélancolique et charmant de l’une de ses manières poétiques, Samain était né à Lille, dans cette Flandre féconde en minutieux artistes adorateurs de la vie. Mais dans sa mince face brune aux traits fins et accusés, aux cheveux noirs et plats, dans son geste abondant et facile qui ne contrariait jamais la correction naturelle d’un extérieur un peu austère, il avait gardé quelque chose de l’ancienne race maîtresse du pays, une silhouette espagnole que Velasquez eût signée.

Tel il nous apparut aux lointaines années, vers 1884, je crois, dans les cénacles de jeunes hommes voués aux lettres…


Tel il nous apparut dix ans plus tard dans cette sombre et silencieuse, mais point mélancolique, rue de l’Échaudé, dont le calme n’était troublé — ou plutôt précisé — chaque dimanche après-midi, que par les notables commerçants du quartier, jouant au tonneau presque en-dessous même de

  1. Louis Denise. Albert Samain, « Mercure de France, » Octobre 1900.