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l’amour en visites

lève les bras et automatiquement les baisse.

Elle ne comprend pas du tout, c’est visible. Elle a un jupon de coton bleu et des vieux bas. Elle est coiffée à la Forain, avec des cheveux raides qui ne peuvent pas être dénoués parce que des bâtons ne s’enlacent pas, même quand ils poissent. Elle use d’une pommade particulière sentant la rose pourrie. Blonde, des poils sur les bras, très longs, tantôt roux, tantôt noirs, selon les fluctuations de sa crasse personnelle ; elle a un nez qui avance en museau de belette. Elle n’est pas laide, car elle est jeune ; elle a des plis gras au cou et aux seins.

Ses deux seins ont l’aspect de deux couvercles de boîte ronde qui n’entrent pas bien dans la boîte : il y a des choses à l’intérieur et c’est peut-être joli, à moins que ce ne soit abominable.

Bien troussée, corsetée (porte les anciens corsets de Madame), elle a de la mine, du chien, de l’œil, du front, de tout ce que vous voudrez. Il lui suffirait de coucher sans ôter le costume. Encore cela sentirait toujours la rose pourrie, le hareng saur, la morue, l’eau de