Aller au contenu

Page:Jarry - L’Amour en visites, 1898.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
l’amour en visites

entrer son pouce droit dans le petit doigt de la main gauche.

Cela se complique jusque devant une nouvelle porte, claire ouverte sur une femme en tablier. Sans trop de peine, il se convainc que cette fois il n’est plus devant le soldat de tout à l’heure.

Il baragouine :

« Oui, mademoiselle, je crois que c’est moi. »

La flamme d’une lampe à gaz lui saute à la figure comme la langue d’un chien qui jappe. Il roule, un peu étonné, les bras étendus. la tête en avant, sur la bonne, et celle-ci le bouscule :

« Ah ! Comment, c’est donc vous que Madame attend ? »

Elle n’en revient pas, cette fille.

Pour le lui mieux affirmer, il ôte, d’un geste machinal, ses deux gants qu’il plaque n’importe où, sur des fleurs, s’aperçoit-il, des fleurs qui tournent — on dirait même de petits moulins, de ces petits moulins dont des marchands vendent la rotation de papier à l’invisibilité des brises des trottoirs ; et le