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Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/100

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LES MINUTES


Scène V

L’avenue en sens inverse.
HALDERN, ABLOU, LE CHŒUR

Haldern. — Ablou, embrasse-moi.

Ablou. — L’obélisque et la colonne de la fontaine.

Haldern. — L’araignée des préjugés n’a point encore de ses mandibules bénévoles coupé autour de toi sa toile de silence. Ne pouvoir de l’être aimé recevoir une preuve d’amour sans qu’il se croie humilié ! Veux-tu qu’Après je te tende ma paume ouverte, où de la pointe d’un couteau tu graveras les ocellures d’un reliquaire avec quatre oiseaux d’or ?

Le Chœur. — Le corps du fakir las, très las, se couche sur la route aux bordures de fer, La cadence des monnayeurs fait envoler le spectre réveillé du papillon noir plat comme le givre des lampadaires qui pavonnent. Le corps du fakir las, très las, se couche sur la route aux bordures de fer.

Haldern. — Ablou, embrasse-moi. Fraternellement. Et assez de banalités.