Aller au contenu

Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
DE SABLE MÉMORIAL

regarde, nous regarde malgré elle, clouée au mur comme une effraie par les ailes.

Ablou. — Ne pouvais-tu le dire plus tôt ? Que va-t-il nous arriver maintenant ?

Haldern. — Hausse la lampe.

Ablou. — Non, elle est calme et douce et ne nous voit plus. — Ô ce bruit dans la rue !

Haldern. — C’est un chariot chargé de ferraille.

Ablou. — Le bruit dure bien longtemps, bien longtemps. Que va-t-il nous arriver maintenant ?

Haldern. — Ouvrons une Bible, je me suis souvent bien trouvé de ce mode de divination. Ouvre et pose ton doigt sur le verset.

Ablou. — « Les portes de la maison seront consumées par le feu… » [1].

Haldern. — Va-t’en !

Ablou. — Adieu. — Je te souhaite de ne pas avoir trop d’apparitions cette nuit.

Haldern. — Ne descends pas encore la vis interminable des escaliers. Je te donnerai une lampe pour descendre. Les apparitions traversent les serrures fermées à clef, mais le fer les partage en

  1. Néhémie, II, 13