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Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/121

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DE SABLE MÉMORIAL


Je marche à l’horizon risiblement opaque
Au ricanement des cadrans. Et les bourdons
Ombres de pèlerins en file au ciel de laque
Frappent les gonds de l’horizon gardant ses dons.

La pluie est monotone en l’heure tombant : craque
Au plomb lourd de la pluie, ô Sablier qui vaque
Toujours, gonflant les épines des diodons.
Quand s’ouvrira le Jour qui s’épand en pardons

Irradiés au fond de mer ou de ciguës
Vers qui tournant au vent je vire mes mains nues
Priez : déjà la pluie et l’heure avec son pleur

M’engrillent pour la nuit et le sommeil sans rêve.
Pries que mes désirs dorment : et j’aurai l’heur
Que mon âme qui meurt veuille me faire trêve.

Versé le plat reflet des barbes dans l’eau moire
Des ifs vitraux au ciel s’intersèquent les plombs.
Ô visage si rond de la ville, les fonds
Qui dédaignent les bras plongeurs ont ta mémoire.