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DE SABLE MÉMORIAL

beaux graves. Que le Blanc au Noir succède partout. Que le grand œil glauque du ciel compatisse, versant sur les hommes des pleurs de farine.

Et les Croix restèrent les bras étendus, coupant de rais blancs l’ombre sans couleur. Soudain des pleurs blancs glissèrent sur l’ombre. Les nuages sont de grands sacs que vident des meuniers célestes. La manne s’accroche aux pignons ardus.

La manne fait blanches les rougeâtres tuiles. Une nappe blanche jusqu’à l’horizon sur toute la terre s’étend pour manger. Et de blanc lui-même, de blanc s’est vêtu le Saint-Accroupi ; de blanc s’est vêtu comme un boulanger.

Et les hommes puisent lourdes pelletées de farine claire que le vent joyeux leur fouette au visage. Croix des cimetières, nos vœux exaucés, nous voudrions voir quel fut le départ, le départ honteux du cortège noir…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La Famine est là. La Famine sonne aux oreilles vides, si vides et folles, ses bourdonnements. Et la neige étend son linceul de mort sur la ville froide que creusent des fosses. La Famine sonne ses bourdonnements.