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Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/255

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CÉSAR-ANTECHRIST


Scène VI

Au bruit des pas de l’âne, un Grand-Duc s’envole et après avoir plané en cercle se pote sur l’olivier senestre, qui est Élie. Torsions de cou admiratives devant l’éclat de César-Antechrist, un manteau d’or sur les épaules, une étole d’or sur le sexe et aux orteils des sandales d’or.

César-Antechrist. — Qui êtes-vous, Oiseau, dans cette vallée où il ne doit point y avoir d’animants ? Bahal-Zébub mon ministre ou le Paraclet qui m’inspire, comme il a pour charge d’inspirer le Dieu actuellement terrestre ? Êtes-vous l’un et l’autre, je le crois. Car tu as érigé tes cornes traditionnelles quand je t’ai nommé par l’un de tes noms, et te baptisant Saint-Esprit l’eau de mon verbe a couché les antennes de ta tête auritée, et tu t’es aplati comme une chrysalide, faisant plus douces les plumes de ta gorge de colombe.

(Il se hausse à la croix de l’arbre et caresse l’Oiseau, qui demeure hérissé comme un artichaut de cuivre, avec un front de taureau aux cornes en croissant : car on marche pour la seconde fois dans la vallée sainte.)

César-Antechrist. — Il y a un pigeon qui