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Page:Jarry - Pantagruel, 1911.djvu/53

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pantagruel

Ho !… buvons gaillardement
À notre bonheur présent.
Le bonheur dans mon voyage
Est mon précieux bagage.
Sur ma route les délices
Chantent leur ardent éveil,
Les chagrins s’évanouissent
Ainsi que neige au soleil.
Je laisse par delà les vagues irisées
Des îles pavoisées,
Des cités en frairies,
Et je m’en vais, semant de patrie en patrie
Inextinguible et beau le rire tout-puissant,
Comme firent jadis mes aïeux les géants.
Buvons, seigneurs, buvons à la joyeuse chance
De vous avoir sauvés de la mer en démence.


Scène II

Les Mêmes ; entrée de FRÈRE JEAN
frère jean

J’en suis fâché pour vous, mais la mer recommence,
Les flots entrent en danse.

pantagruel

Frère Jean, tu parais triste et mélancolique.

frère jean

N’entendez-vous donc rien murmurer sur les flots ?
Amis, sur cette mer court un frisson tragique,