Page:Jarry - Ubu enchaîné, 1900.djvu/216

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qui viennent en grand équipage de béquilles sonner de porte en porte, alors tout le monde se met aux fenêtres et vous regarde leur faire l’aumône dans la rue.

Frère Tiberge (tendant la main).

Pour les pauvres prisonniers ! Le Père Ubu a dit qu’il se fortifierait dans la prison avec la Mère Ubu et ses nombreux disciples si l’on ne subvenait mieux aux douze repas qu’il entend faire par jour. Il a déclaré l’intention de mettre tout le monde sur le pavé, nu comme la main, pendant l’hiver, qu’il prédit fort rigoureux, tandis qu’il serait à l’abri, ainsi que ses suppôts, sans autre labeur que de découper ses griffes à la petite scie et de considérer la Mère Ubu broder des chaussons de lisière pour tenir chaud aux boulets des forçats !

Toutes

Douze repas ! Découper ses griffes ! Des pantoufles pour les boulets ! Nous ne lui donnerons rien, bien sûr !

Frère Tiberge

Dans ce cas, la paix soit avec vous, mes