Page:Jarry - Ubu enchaîné, 1900.djvu/56

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pense que mon père l’a décoré et fait comte et que le lendemain ce vilain n’a pas eu honte de porter la main sur lui.

La Reine

Ô Bougrelas ! Quand je me rappelle combien nous étions heureux avant l’arrivée de ce Père Ubu ! Mais maintenant, hélas ! tout est changé !

Bougrelas

Que veux-tu ? Attendons avec espérance et ne renonçons jamais à nos droits.

La Reine

Je te le souhaite, mon cher enfant, mais pour moi je ne verrai pas cet heureux jour.

Bougrelas

Eh ! qu’as-tu ? Elle pâlit, elle tombe, au secours ! Mais je suis dans un désert ! Ô mon Dieu ! son cœur ne bat plus. Elle est morte ! Est-ce possible ? Encore une victime du Père Ubu ! (Il se cache la figure dans les mains et pleure.) Ô mon Dieu ! qu’il est triste de se voir seul à quatorze ans avec une vengeance terri-